"Le seul moyen de se délivrer d’une tentation, c’est de lui céder. Résistez, et votre âme se rend malade à force de languir ce qu’elle s’interdit…"
​
Oscar Wilde
Attribué à Nicolas BERCHEM (1620-1683)
Paysage d'Italie avec des bergers et un troupeau près d'une rivière ou Le passage du gué
Huile sur toile 60,5 cm x 48 cm ( Cadre 85 cm x 72 cm)
Quelques restaurations. Rentoilage du XIXème siècle. Nettoyage récent
Important cadre en bois et plâtre doré à canaux
Considéré comme l'un des plus importants paysagistes hollandais du XVIIème siècle, Nicolas Berchem affectionne surtout les couleurs d'Italie. C'est si vrai qu'il aurait effectué, selon son biographe Arnold Houbraken, non pas un mais deux voyages en Italie et qu'il y aurait puisé l'essentiel de son inspiration. A son retour à Amsterdam en 1653, ville qu'il ne devait plus quitter jusqu'à sa mort en 1683, il se spécialise dans les tableaux de genre, surtout les ambiances champêtres qu'il aime agrémenter de nombreux animaux dont le rendu anatomique particulièrement soigné constitue en quelque sorte sa signature personnelle.
​
De notre tableau, plusieurs versions, dont l'une pleinement autographe et l'autre attribuée, sont connues. Rentré dans les collections du Musée du Louvre en 1795 après avoir fait partie des collections des princes d'Orange à La Haye, Le Bac ou Le Passage du gué est une oeuvre sur bois datable du début des années 1660 (inv. n° 1040). Sur ce panneau, ont été disposés des paysans qui s'apprêtent à faire traverser leur troupeau sur l'autre rive. Au loin, à demi voilées par une brume qui se dissipe lentement, se dressent des montagnes desquelles se détachent les ruines d'un château médiéval. Par la suite, cette composition fut gravée par Daudat et par Duplessis-Bertaux.
​
Provenant de Belton House, dans le Lincolnshire, où elle a appartenu à Lord Brownlow, une huile sur toile reprenant le même sujet est, quant à elle, attribuée à Nicolas Berchem.
Après avoir figuré sur les cimaises de la galerie du marchand londonien Alfred Brod, elle fait partie aujourd'hui des collections du National Trust.
​
La récente dépose du vernis ancien a permis de constater à quel point notre tableau présente de fortes similitudes chromatiques avec le panneau du Louvre tandis que la version de Belton House s'en éloigne par un parti pris où les jeux de lumière paraissent moins tranchés. La minutie avec laquelle les moutons, le mulet et le troupeau ont été représentés en renforce d'ailleurs l'hypothèse. L'idée selon laquelle il s'agirait d'une copie d'après la gravure doit être donc exclue d'autant que la restauration a confirmé que le rentoilage datait bien du XIXème siècle, probablement de la première moitié.
​
D'autre part, la toile d'origine présente une trame large et irrégulière, caractéristique de la fin du XVIIème siècle et des premières décennies du siècle suivant ; ce qui exclut par voie de conséquence une datation postérieure. Il n'est donc pas impossible de penser que notre toile ait pu être peinte directement dans l'atelier du maître, qui comptait de nombreux élèves, et que Berchem lui-même y ait contribué.